Non, le mot « réseau » n’est pas un gros mot ! Il ne veut pas dire « piston », il ne nécessite pas qu’un gourou vous ouvre son carnet d’adresses.

Créer son réseau

Vous pouvez vous monter votre réseau seul, en partant de vous, des personnes que vous connaissez, bien sûr, mais aussi des personnes que vous ne connaissez pas et que vous avez envie de rencontrer pour avancer dans votre projet professionnel :

pour avoir plus d’information, pour savoir quels types de postes existent, pour comprendre quels profils sont recherchés…

mais aussi pour vous présenter et vous faire connaître, même si vous n’avez pas le profil, même s’il n’y a pas de poste actuellement ouvert (le poste va peut-être exister demain et vous serez peut-être la personne à laquelle on pensera à ce moment-là),

même si vous souhaitez vous installer en indépendant (toute expérience peut vous être utile pour monter votre atelier, votre boutique, votre start-up, votre activité de conseil).

Mais qu’est-ce qu’un entretien réseau ? Et quelle est la différence avec un entretien d’embauche ? Est-ce un indispensable ou est-ce réservé à certaines personnes et certains types de poste seulement ?

L’entretien réseau est une rencontre avec un professionnel, vous vous en doutiez, mais mieux vaut le préciser. Il peut s’agit d’une personne qui pratique le métier que vous rêvez d’intégrer ou auquel vous pensez sans être sûr que cela vous convienne. Cette rencontre permet alors d’obtenir un point de vue « de l’intérieur » : quelles sont les difficultés à prévoir, quelle est la journée type, quelles sont les implications sur les horaires, les déplacements, les progressions / évolutions possibles…

L’entretien réseau peut aussi se faire avec quelqu’un qui travaille dans une entreprise qui vous intéresse pour son domaine d’activité, sans que cette personne ait un poste en relation avec votre formation ou vos compétences. Ce sera alors l’occasion d’en savoir plus sur l’activité de la société, ses perspectives, ses concurrents, la partie qui se développe ou au contraire qui est en régression.

Ou encore, vous pouvez avoir envie de rencontrer quelqu’un qui a monté sa boutique, son atelier, sa structure et qui a pu rencontrer les mêmes types de difficultés que vous : finances, organisation, location d’espace, choix de l’adresse, capacité de production, mode de commercialisation, publicité, présence sur les réseaux sociaux…

Avant de démarrer, il est bien sûr capital que vous soyez clair sur vos propres compétences, vos envies et les projets qui sont réalisables. Pour cela, je vous conseille vivement de commencer votre parcours par un bilan de compétences : cela vous fera gagner du temps en évitant de solliciter des entretiens qui aboutiraient à la conclusion que vous vous êtes trompé de voie, ce qui serait démotivant. Je vous invite à lire notre page dédiée au bilan de compétences, ainsi que nos articles Comment j’ai raté ma première reconversion professionnelle et 7 préjugés sur le bilan de compétences.

Ainsi, l’entretien réseau est très différent de l’entretien d’embauche : c’est vous qui le sollicitez et il n’y a pas (ou pas forcément ou pas encore) de poste à la clé. L’idée n’est donc pas que vous soyez évalué, mais que vous preniez des renseignements sur l’environnement qui vous intéresse.

Plus vous avez de difficulté à décrocher un entretien d’embauche et même plus vous avez de mal à trouver des occasions de solliciter un entretien d’embauche, plus vous avez intérêt à commencer par des entretiens réseau : il n’y a pas d’enjeu, pas de risque de mal faire (au passage, si vous voulez en savoir plus sur la lettre de motivation pour une embauche, n’hésitez pas à consulter notre article sur le sujet).

Au pire, vous n’obtiendrez aucune réponse satisfaisante mais vous vous serez aguerri à vous présenter vous et votre projet ; au mieux, vous aurez découvert comment passer à l’étape suivante : qui rencontrer ensuite, quels points forts mettre en avant, quelles difficultés à anticiper.

De la même façon, si vous souhaitez travailler en autonomie (autoentrepreneur, responsable d’agence, de boutique, indépendant…), l’entretien réseau vous apportera des pistes qui sont très compliquées à trouver ailleurs et qui ont d’autant plus de valeur qu’elles s’appuient sur la réalité de personnes déjà en activité.

Alors :

Envie de rencontrer un astrophysicien sans jamais avoir été capable de reconnaître une étoile ou une planète, parce que son environnement vous fascine et que vous êtes convaincu de pouvoir travailler avec lui ou un de ses collègues ?

Envie de discuter avec un général d’armée de terre pour explorer la notion de renseignement tactique (notamment en entreprise) et comprendre si vous pouvez vous y insérer tout en ne vous sentant pas vraiment une âme militariste ?

Envie de savoir comment la communication est gérée dans un département informatique d’un groupe automobile parce qu’on se sent à la fois « technicien » et « communicant », même si on est incapable d’identifier la marque des voitures de sa rue ?

Je l’ai fait ! Si ça vous intéresse, je vous explique comment, et vous pourrez bien sûr adapter le principe au chef étoilé que vous admirez et auprès duquel vous aimeriez travailler, à l’atelier de couture du ballet de l’opéra de Paris qui propose un environnement qui vous fait rêver ou à la société qui opère dans un domaine de pointe sur lequel vous êtes intarissable.

Premier point fondamental :

Si vous y croyez, vous pouvez le faire.

Deuxième point :

Soyez honnête avec vous-même et avec la personne que vous souhaitez rencontrer. Si vous essayez de cacher quelque chose ou de jouer au plus fin, cela risque de se voir et vous vous fermerez toutes les portes définitivement, de cette personne et de toutes celles qu’elle connaît éventuellement.

Troisième point :

Si vous voulez rencontrer quelqu’un, dites-lui que vous voulez le faire parler de lui. Non seulement, ce sera vrai, mais ça l’intéressera nécessairement : vous lui apportez une reconnaissance, une possibilité de partager sa passion, son intérêt ou même simplement son quotidien.

Quatrième point :

Je vous suggère de commencer par envoyer une lettre (écrite à la main, c’est encore mieux, si tant est que vous soyez facilement lisible : cela vous démarquera des autres prétendants potentiels). À défaut, un mail fera aussi très bien l’affaire. Tout dépend de l’information que vous aurez obtenue.

Ce message écrit doit comporter trois parties, comme la lettre de motivation (voir article sur le sujet). Il existe beaucoup de formulations pour décrire ces parties, mais ma préférée est la suivante :

1/ Je vous aime parce que vous êtes beau

2/ Je ne suis pas mal non plus

3/ Quand nous voyons-nous ?

Bien sûr, ceci est une version (très) imagée de ce que la lettre doit contenir, mais cela vous aidera à comprendre ce que je veux dire. Entrons dans le détail.

1/ Je vous aime parce que vous êtes beau

C’est le moment où vous indiquez pourquoi vous avez délibérément choisi de vous adresser à cette personne précisément. Autrement dit, votre lettre n’est pas une lettre standard, elle correspond à une vraie envie.

Cet élément est à décliner selon la personne ou l’entreprise à rencontrer : « Vous avez écrit un livre reconnu dans votre domaine… », « Votre société est leader sur son marché… », « Votre activité et votre réussite suscitent l’enthousiasme… », « Vous avez su installer votre boutique dans un quartier qui est devenu l’endroit où il faut être…)

2/ Je ne suis pas mal non plus

Vous expliquez maintenant pourquoi, en quoi vous êtes légitime à faire votre demande, mais pas forcément parce que vous êtes le meilleur du domaine.

N’hésitez pas à dire que vous ne venez pas directement du sérail mais que vous pouvez apporter d’autres compétences :

« J’ai travaillé pendant 5 ans dans un domaine connexe … et je souhaite élargir mes connaissances du marché », « J’ai écrit plusieurs articles sur votre domaine de compétence que vous trouverez en référence et j’aimerais recueillir votre avis », « Je suis passionné par le monde de… et j’ai d’ailleurs été sélectionné pour … », « cela fait 10 ans que je suis employé dans un atelier et je souhaite monter ma propre activité ». Bien sûr, vous pouvez aussi préciser que vous avez un doctorat de la matière concernée. Si c’est le cas, n’hésitez surtout pas !

3/ Quand nous rencontrons-nous ?

N’hésitez pas à être direct. Si vous ne précisez pas dans votre mail ou votre courrier ce que vous voulez, vous risquez de ne pas être compris. Ne partez pas du principe que « bien sûr, il / elle a compris que je voulais le rencontrer ». Ce n’est pas forcément évident, surtout si la personne est très occupée et qu’elle lit votre merveilleux message un peu… en diagonal.

Précisez donc le lieu (ville ou même adresse de l’entreprise) où vous pouvez vous rendre, tout en ouvrant la porte (« ou tout autre lieu qui vous conviendrait ») et un jour (« dans la semaine qui vient, par exemple jeudi à 17h), en ouvrant de même (« ou à tout autre moment que vous voudrez me préciser). N’oubliez pas d’indiquer comment on peut vous joindre (téléphone, adresse mail de préférence).

J’ai omis de dire que vous message doit être court, incisif, dynamique et sans faute d’orthographe. Mais cela, vous le saviez déjà…

Dernier point (mais il pourrait être le premier et il est implicite dans les éléments ci-dessus…), ne commencez pas votre lettre de sollicitation d’entretien réseau sans savoir quel type de questions vous voulez poser. La réponse positive peut venir vite et vous risquez d’être pris de court… Pour cela, n’hésitez pas à consulter l’article sur le déroulé d’un entretien réseau.

Alors, prêt à rencontrer votre futur mentor ?

À vous de jouer…