Réussir sa reconversion professionnelle grâce au véritable bilan de compétences

Le bilan de compétences : qu’est-ce que c’est ? pourquoi en faire ?Comment j’ai manqué ma première reconversion…Je vous raconte :

Le bilan de compétences porte bien son nom : comme dirait Monsieur de La Palisse, il consiste à faire le bilan de toutes les compétences acquises jusqu’alors.

Ce qui est parfois moins clair, c’est qu’il s’agit des compétences professionnelles comme personnelles, en termes de savoir, mais aussi de savoir-faire et de savoir-être (autrement dit : ce que je sais parce que je l’ai appris, ce que je sais faire parce que je l’ai déjà fait, et le comportement que je sais adopter selon la situation).

Le but est d’obtenir une image suffisamment complète et précise de ce que l’on sait, mais aussi de ce que l’on veut, de ce qui est raisonnable et souhaitable de chercher à obtenir professionnellement. Ainsi, il sera possible d’affiner sa recherche pour aboutir à une situation au minimum acceptable et, on l’espère, souhaitable voire désirée. Pour ce faire, il sera indispensable dans un premier temps de définir pour soi-même ce que recouvrent nos compétences élargies, et dans un deuxième temps, de pouvoir présenter l’ensemble de ces compétences à d’autres : futur employeur, futur associé, futur financeur, futur collègue, réseau, intermédiaire actuel…

Mais d’abord, pourquoi parle-t-on autant du bilan de compétences ? Est-il vraiment nécessaire d’en faire un avec un professionnel du sujet ? Pour répondre à ces questions, le plus simple est peut-être de vous partager mon expérience.

Il y a (très) longtemps, je ne me sentais plus à l’aise dans mon environnement professionnel, non pas parce que je ne savais pas faire ce qu’on me demandait ou parce qu’on ne me donnait pas les moyens de le faire, mais plutôt parce que je n’adhérais plus aux valeurs de la société.

Présenté comme cela, c’est assez simple. Sauf qu’alors, la formulation n’était pas aussi claire dans mon esprit : je ne me sentais plus à l’aise mais je ne savais pas pourquoi ni vers où me diriger pour éliminer cette sensation de malaise. J’ai donc pris rendez-vous avec un conseiller APEC (Association pour l’Emploi des Cadres) de l’époque. Le long entretien a principalement consisté à revoir mon CV en détail, ce à quoi je m’attendais. J’ai ensuite expliqué que je souhaitais changer d’environnement sans beaucoup plus de détail étant donné que les choses n’étaient pas bien définies dans ma tête.

Après quelques questions supplémentaires, le conseiller (sans doute alors formé uniquement à reclasser les personnes qui avaient perdu leur emploi) est arrivé au bilan suivant : j’avais les compétences nécessaires (c’est-à-dire les diplômes, l’expérience, la pratique) pour faire mon travail et j’étais en poste, sans danger de licenciement.

La conclusion était alors naturelle : la seule solution était de rester où j’étais et de m’adapter à mon environnement.

Vous l’aurez compris, il s’agit là (et à nouveau je ne l’ai découvert qu’ensuite) d’un bilan de compétences tronqué et qui ne m’a servi à rien.

La revue de détail du CV avec un regard extérieur est certes tout à fait nécessaire pour que le parcours soit clair et compréhensible par quelqu’un qui ne nous connaît pas. Mais j’aurais sans doute pu faire la même chose à l’aide d’un ami bienveillant. Je suis donc restée à mon poste un peu plus longtemps…

Quelques années plus tard, on m’a proposé de refaire un bilan de compétence avec un cabinet spécialiste. Vous imaginez mon enthousiasme très modéré ! Eh bien, croyez-moi, j’en suis ressortie transformée !

En effet, autant il est assez facile de s’obliger à examiner son propre parcours professionnel, à noter le temps que l’on a passé à faire telle ou telle activité, les formations suivies, les gestes, la pratique, les diplômes, certificats ou équivalences éventuellement acquis dans les postes ou dans son travail en indépendant, autant il est compliqué de transformer cette vision dans son contexte, en approche globale.

Un regard extérieur rodé à cette pratique fait toute la différence, en posant des questions plus précises qui conduisent à formuler différemment ce que l’on sait, ce que l’on fait, ce que l’on aime, pour y voir plus clair soi-même tout d’abord, pour le rendre compréhensible aux autres ensuite.

 Prenons un exemple. J’ai effectué une tâche spécifique que je sais décrire. Tout ne s’arrête pas là : que m’a-t-elle appris sur ma relation aux autres ? Est-ce que je sais expliquer clairement ce que je fais à quelqu’un en dehors de la tâche ? Est-ce que je sais entraîner une équipe dans mon sillage en la motivant ? Est-ce que j’ai été amené à exposer en public par des présentation PowerPoint à mon équipe par exemple, ce que j’avais fait ? Est-ce que j’ai contribué à la réussite d’équipes hors de la mienne propre ? Est-ce que mes clients m’ont recommandé et sur quels critères ? Qu’est-ce que mon entourage professionnel (mes collègues, mes partenaires, mes clients, mes fournisseurs…) retient de moi après avoir travaillé avec moi sur cette tâche ? Qu’est-ce que j’ai aimé faire dans cette tâche ? Pourquoi ? Est-ce que j’aimerais la refaire ? Pourquoi ? Dans quelles conditions ?

Par ailleurs, qu’est-ce que j’ai réalisé dans mes activités extra-professionnelle : activités de loisirs, familiales, amicales, dans des associations sportives, politiques, culturelles ou autres ? Qu’est-ce qui m’a plu ou déplu ? Qu’est-ce qui pourrait être utile pour moi ou au service d’autres dans un autre contexte ?

Toutes ces questions peuvent sembler loin du CV traditionnel, et c’est justement leur intérêt. En élargissant l’approche, en ne se focalisant pas uniquement sur un environnement donné, on peut dessiner petit à petit un cadre des compétences au sens large : non seulement les aptitudes couramment reconnues, mais celles que l’on peut solliciter, acquises dans une activité professionnelle ou en dehors ; non seulement ce que je sais faire, mais ce que j’aime faire ; non seulement ce que je peux faire, mais comment, où, avec qui j’ai envie de le faire ; non seulement ce que mon activité professionnelle m’a donné l’occasion de faire, mais aussi ce qui pourrait s’appliquer à une autre activité, un autre domaine, un autre contexte.

Autant vous dire que cette deuxième expérience, plus longue, beaucoup plus riche, sans doute plus exigeante pour moi aussi, m’a conduit à m’interroger de façon bien plus large sur mes centres d’intérêt ou sur mon potentiel professionnel (ce que je n’avais pas encore mis en pratique en environnement professionnel et qui ne se voyait pas sur mon CV mais que je savais faire et que j’avais réalisé dans ma vie personnelle). Le bilan m’a incité à explorer d’autres pistes, à réaliser des entretiens réseau (voir nos articles sur l’entretien réseau et sur comment obtenir un entretien réseau) pour définir les éléments de façon encore plus précise et compréhensible non seulement sur le CV mais aussi dans la lettre de motivation (voir notre article sur la lettre de motivation). Toute ma recherche d’emploi en a été modifiée.

Et, vous devinez ? J’ai changé de travail peu après !

Il ne me reste plus qu’à vous recommander d’être très attentif dans le choix de l’organisme avec lequel vous souhaitez réaliser votre bilan de compétence : le prix est loin d’être le seul critère de sélection. La durée, le temps consacré à la recherche personnelle et le temps d’entretien avec le conseiller sont très importants. Et surtout, il faut que le courant passe entre le conseiller et vous, que vous vous sentiez à l’aise car vous allez vous mettre à nu professionnellement avec cette personne, regarder ce qui fonctionne mais aussi ce qui ne fonctionne pas, ce qui vous attire et ce qui vous rebute, ce à quoi vous pouvez aspirer comme ce à quoi il faut renoncer pour trouver votre vraie voie. La confiance entre vous et votre conseiller est donc primordiale.

Alors, bon bilan !

Vous pouvez en savoir plus en cliquant également sur notre page Bilan de compétences ou Reconversion professionnelle.